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Halte à la « dictature linguistique » dans les salles de classe en Haïti !

Culture;

« Comment t'appelles-tu ? » 1 Dans une interview accordée par Frankétienne à une journaliste étrangère, Delphine Peras, le 16 juillet 2010, l'immense écrivain et artiste haïtien raconte avoir été « traumatisé » par cette question à son premier jour de classe. C’était la première fois qu'il a compris qu'on pouvait parler une autre langue, lui qui n'a connu que le créole et a été élevé dans une zone rurale parlant créole et propulsé dans l'un des plus gros quartiers populaires du pays, au Bel-Air. Il se souvient encore de l'insulte de son petit camarade : « Petit macaque, d'où sortez-vous, de quel quartier, de quel milieu venez-vous ? On vient de vous demander votre nom ! » Cette histoire n'est pas uniquement celle de ce monument de la littérature haïtienne. Chaque Haïtien ayant été scolarisé dans le système éducatif haïtien et cent pour cent créolophone peut se reconnaître dans cette histoire. Il y a pire en effet : lorsqu’on se sent obligé de parler telle langue plutôt qu’une autre ou d’adopter tel comportement linguistique plutôt qu’un autre sous la menace de coups de fouet, ou d’autres formes de punition ou de châtiments. Cette violence qui entrave le droit linguistique de l’enfant est monnaie courante dans les salles de classe en Haïti. Cette violence fait partie de ce que j’appelle la dictature linguistique. Qu’est-ce que c’est ? Comment en finir avec cette dictature dans les salles de classe ?

Qu’est-ce que j’appelle « dictature linguistique » ?

Comme toute forme de dictature, la « dictature linguistique » pourrait se caractériser par des actions et des décisions sur une langue par des méthodes arbitraires et coercitives. Elle est en quelque sorte toute forme d’imposition, de contrôle à outrance exercé sur la ou les langues d’une population ou d’une communauté. Et bien évidemment comme une langue est forcément parlée par un groupe ou une communauté, ces décisions restreindront la liberté des usagers de cette langue dans son utilisation.

En effet, tout porte à croire que l’histoire de la République d’Haïti la prédestinait à connaître la dictature linguistique. Les esclaves issus de différents pays et tribus d'Afrique ne parlaient pas tous la même langue. Arrivés sur les plantations de Saint-Domingue, ils étaient repartis suivant qu’ils ne parlent pas la même langue pour les empêcher de planifier des révoltes. Et les circonstances ont fait que la langue du maître, le français, a pris le dessus et devient langue de domination. C’est la langue de l’enseignement et de l’administration. Certains esclaves qui bénéficiaient de la sympathie de leur maître et la plupart du temps pour le besoin de ces derniers étaient instruits dans la langue du maître, ce qui leur conférait un statut plus important que les esclaves des champs qui ne savaient ni lire ni écrire. C’était les esclaves à talent. Après la révolution de Saint Domingue (partie Ouest de l’Île devenue République d’Haïti) en 1804, les maîtres français étaient tués et chassés, et une nouvelle nation a pris naissance. Et l’acte de naissance de cette nation fut écrit dans la langue du colonisateur mais les préjugés sur cette langue n’ont pas disparu pour autant avec l’absence des anciens colonisateurs. Certains ont conservé les privilèges liés à cette langue. Plus tard, malgré l’aboutissement des différents parlers des esclaves au créole, langue parlée par tous les anciens esclaves, les affranchis et les « sang-mêlées », le français a été choisi comme langue d’enseignement, langue de culture et donc langue d’accès à la connaissance. Il en est résulté cette mentalité pour le moins négative, que l’on ne peut accéder à la connaissance que par la langue française. Aujourd’hui encore, malgré les nombreuses recherches véhiculées sur l’importance de la langue maternelle dans l’apprentissage, certains conservateurs haïtiens font fi de celles-ci et préfèrent perpétuer cet esclavage de la pensée.

Sans nul doute, la colonisation a fait que la langue du colon devienne langue de prestige et de domination sociale, politique et économique ; car, parler français en Haïti est, pour beaucoup, synonyme de connaissance et donc mérite respect, prestige et tout ce qui va avec, malgré ce dicton « pale franse pa di lespri » .2 Et l’adoption de la langue française comme langue d’enseignement en Haïti fait que nous sommes obligés, nous Haïtiens, « peuple indépendant », de nous tourner vers l’ancienne « mère-Patrie », en l’occurrence, la France, pour se conformer aux normes linguistiques de celle-ci. Du coup, nous sommes amenés à nous interroger sur « l’indépendance » véritable du pays ou sur son autonomie linguistique, questions essentielles sur lesquelles nous nous sommes abstenus de débattre dans cet article, sachant que la construction de pensée passe par la langue et vice versa.

La langue française en Haïti

En Haïti, le français est langue d’apprentissage et langue dans laquelle l’administration fonctionne (documents, formation, etc.). Les lettres de nomination des fonctionnaires, les factures, les livres et d’autres publications se font en français. Des stations de radio et de télévision utilisent cette langue que ce soit pour les informations que pour les interviews, les animations, etc. 3

Nous avons tous eu cette surprise le premier jour de classe : « Bonjour, comment tu t’appelles ? ». Eh oui ! Le premier jour que l’enfant créolophone se rend à l’école en Haïti, il est accueilli dans une langue qu’il ne connaît pas, une langue « étrangère » pour la plupart. La question que nous avons évoquée au début du paragraphe paraît être une évidence et pourtant l’enfant ne peut pas toujours y répondre. Parce que tout simplement il est confronté à l’inconnu ; alors que qu’il suffisait seulement de dire à l’enfant « Bon jou, ki jan ou rele ? »4 . Et ce n’est pas fini. Pendant toute la journée, il va répéter les noms des couleurs, il va chanter en français. Les chansons en français sont le plus souvent tirées de répertoires de la chanson française comme : « Sur le Pont d’Avignon », « Il était un petit navire », « Alouette », pour ne citer que celles-là. Je n’ai rien contre ces chansons, mais réfléchissons bien, celles-ci n’ont aucun rapport avec le système référentiel de l'enfant ni avec la réalité haïtienne. Combien de ceux qui chantent « Sur le pont d’Avignon » connaissent où se situe ce pont ? L’enfant est invité à chanter le « Pont d’Avignon » alors qu’il ne connaît probablement pas l’existence du pont de la Croix-des-Missions 5 ou « Pon Lestè » 6qui au moins auraient été dans la réalité de son pays. On est en droit de se poser la question de savoir si l'école haïtienne n'est pas en train de former des aliénés.

Demandons-nous, qu’est-ce qu’instruire ? Qu’est-ce qu’éduquer ? Ces deux opérations n’ont pas nécessairement la même visée. Faire de quelqu’un un homme (ou une femme) instruit (e), c’est augmenter ses connaissances, son savoir, le rendre cultiver, le rendre apte à accomplir certaines tâches. Alors qu’éduquer, c’est accompagner, transformer, et développer l’intelligence du citoyen pour son épanouissement personnel et le développement de son milieu social, le rendre apte à vivre harmonieusement avec et dans son environnement et milieu naturel, faire de lui une meilleure personne. À l’école, une institution qui a pour tâche d’assurer la formation de l’enfant pendant des années et dans laquelle il est censé avoir confiance, le premier contact est plutôt un choc. La rencontre de l’enfant 100% créolophone avec la langue française n’est pas des plus harmonieux. Le passage est plutôt brutal et sec. Après l’école, arrivé chez lui, l’enfant parle seulement créole, il n’y a donc pas de continuité de la langue de l’école à la maison. Cette rupture enlève à l’enfant la possibilité d’acquérir la langue dans toutes ses dimensions. Une école faite avec une langue qui n’est pas la langue de communication de l’enfant, qui n’est pas la langue avec laquelle son identité est dans le processus de construction, ne peut pas être considérée comme une école faite pour lui. Ce qui donne pour résultat des enfants qui fonctionnent à des vitesses parallèles : ceux qui réussissent à s’adapter, ceux qui arrivent à s’en sortir et ceux qui sont pratiquement à côté. Le connu est rejeté au profit de l’inconnu. Du côté de l’enfant, cette langue est plutôt vécue comme moyen de dépersonnalisation et d’aliénation. L’enfant est contraint de rabâcher comme un perroquet les leçons qu’il ne comprend pas, dans une langue qu’il ne connaît pas. Il répète la forme sans connaître le fond, l’essence et par conséquent n’accède pas à la connaissance. Tandis que sa langue maternelle, sa première langue est délaissée et rejetée. Le rapport avec la langue française est vécu comme une persécution et même pire un harcèlement permanent, insupportable pour son jeune âge. Et sur le plan affectif, l’enfant endure mal cette adversité. L’objectif de départ est raté.

Je me rappelle de ces années passées dans une école à Carrefour, plus précisément à Côte-Plage où tous les élèves étaient soumis à ce même règlement linguistique. Nous devrions tous nous exprimer en français en salle de classe comme sur la cour de récréation. Chaque élève devait veiller sur lui-même et surveiller les autres ; sans s’en rendre compte, les responsables de cet établissement étaient en train de former des espions, des policiers linguistiques et non des élèves. Puisqu’à chaque fois qu’on était surpris en « flagrant délit » de parler créole on devait garder le jeton. Pour ne pas garder le jeton jusqu’à la fin de la classe on devait guetter les autres élèves et s’il le faut, les inciter à parler créole. Celui qui a le jeton jusqu’à la fin des cours devait passer des heures en punition (de retenue) et était même fouetté. Pourtant le créole aussi bien que le français étaient enseignés dans cette école. Ma génération n’est pas la seule à subir cette forme de dictature et violence linguistiques. Ceux qui sont passés avant nous ont également fait la triste expérience et ont fait les frais de cette méthode. Le stress qu’engendre la garde du jeton est tel qu’on ne peut plus se concentrer pour suivre les cours. Ce règlement linguistique auquel les élèves devaient se plier, le plus souvent, n’est écrit nulle part dans le code réglementaire des écoles. Nous subissons tout cela sous les yeux et le silence complices de nos parents et de l’État. Le créole était appelé par certains « langue de cochon ». Cette appellation dénote du niveau d’aliénation et de néo-colonialisme de certains Haïtiens.

Une Méthode cavalière (légale, illégale, légitime ou illégitime ?)


La constitution d’Haïti dans son article 5 stipule : « Tous les Haïtiens sont unis par une Langue commune : le Créole. Le Créole et le Français sont les langues officielles de la République »7 . Contre toute attente, ceux-là même que le créole unit luttent contre cette langue même. En combattant contre leur propre langue, témoin du génie de ce peuple, ces Haïtiens luttent contre eux-mêmes car c’est dans sa langue maternelle (ou première langue) que se construit les émotions, l’affectivité, bref la personnalité et l’identité.

De plus, dans les textes de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen signés par de nombreux pays dont Haïti, il est reconnu le droit à la langue comme un droit fondamental et inaliénable. En fait, lorsqu’on veut retirer à un peuple le droit à sa langue c’est une première étape vers son extermination. De ce fait, posons-nous cette question: les Haïtiens sont-ils en train de s’autodétruire ?

Dans les pays où les structures et les infrastructures sont précaires, fragiles, vétustes, l’autorité de l’État est souvent mise en doute et mise à mal. En effet, certains directeurs d’école profitent de la faiblesse de l’État haïtien pour se substituer à celui-ci en forgeant leurs propres règles (ou règlements) de fonctionnement et les sanctions réservées en cas d’infraction à celles-ci.

Ce qui nous amène à la question suivante : comment une petite minorité a-t-elle instrumentalisé la langue française comme outil de domination et d’accession sociale ? En effet, ceci traduit une volonté manifeste d’un petit groupe qui se croit plus Français que les Français eux-mêmes, de conserver et préserver des privilèges sur la masse de la population créolophone. Il croit que pour accéder à la connaissance, il faut parler français comme si la connaissance ne pouvait être que l’apanage de la langue française. Cette forme de dictature ne concerne pas seulement Haïti mais touche tous les pays et territoires bilingues (de manière plus ou moins différente) comme la Belgique, le Cameroun, la Guadeloupe qui sont bilingues et même ceux qui sont monolingues et place le locuteur en situation d’insécurité linguistique parce qu’il pense qu’il y a une norme en matière de langue et veut étouffer les variations de la langue. Dans certains foyers guadeloupéens, il était même interdit de parler créole (dans les années 1950). 8

Les heures de colle, les coups de fouet que reçoivent les élèves peuvent être comparés aux peines qu’encourait un esclave qui avait dérobé un morceau de canne à sucre à son maître. Il arrive des fois que des élèves saignent à cause des coups de fouet reçus. Combien d’élèves peuvent se rappeler combien coups de fouets ils ont eus en orthographe ? Combien peuvent dire combien de traits rouges ils ont eus dans leur cahier d’orthographe, de rédaction ? Eh, « nombre de fautes, nombre de coups de fouet ». Le français est une langue « sacrée », nul Haïtien n’a le droit de pécher, faire des fautes contre cette langue. Jusque-là, les personnes qui osent lever le petit doigt pour dénoncer l’injustice de cette méthode pour le moins cavalière ou tenter des actions afin d’interdire cette pratique aliénante ne sont pas nombreux !

Cette méthode au lieu de produire de bons effets a donné lieu à une querelle linguistique entre le créole et le français et divise non seulement les intellectuels haïtiens mais aussi l’élite bourgeoise et les citoyens ordinaires. De plus, ce système favorise un blocage linguistique. Posons-nous la question ? Peut-on apprendre le français ou n’importe quelle autre langue sans passer par le châtiment corporel et les humiliations verbales?

Les difficultés d’apprentissage d’une langue seconde ou étrangère

Personne ne peut nier que la motivation est l’une des conditions essentielles de tout bon apprentissage. Pourquoi j’apprends une autre langue ? Est-ce parce qu’elle fait partie d’un programme d’enseignement ou dans un but professionnel ? a) L’apprenant passe beaucoup d’heures par jour à parler sa langue maternelle tandis qu’il dispose d’un horaire très limité pour pratiquer et apprendre, une langue « étrangère » voire « seconde ». b) Une autre difficulté est liée aux habitudes langagières de l’apprenant dont il va essayer de reproduire en parlant la nouvelle langue ce qui donnera lieu à des interférences linguistiques. Ou encore, construire un discours à partir de sa vision ou de la vision de sa société dans une langue qui porte déjà une vision du monde. Un petit exemple : Dans l’une des éditions de l’émission « Touche pas à mon poste »9 animée par Cyril Hanouna de la semaine du 20 mai 2013, l’ex-mannequin brésilien Cristina Cordula, qui était une invitée de l’émission, a utilisé « ne pas laisser tomber les bras » pour « ne pas baisser les bras » parce que dans sa langue maternelle qu’est le portugais (brésilien), c’est ce qu’elle aurait dit (traduit littéralement). En conséquence, ne devrait-t-on pas lutter contre cette forme d’intolérance linguistique ?

Je peux également témoigner que j'ai subi de la dictature linguistique pendant plusieurs années de ma vie. Je devais parler français à l'école et même sur la cour de récréation des fois. Si tu parlais créole en classe on te donne le jeton. À la fin des cours celui qui avait le jeton était puni. La punition consistait en des heures de colle et de châtiments corporels. Et pourtant cela ne m'a pas du tout aidé à parler cette langue. Cela a eu plutôt l’effet inverse. J'ai été plutôt traumatisé par cette méthode qui n'a rien à voir avec la didactique des langues. Certains d'entre nous préféraient garder le silence durant toute la journée. Même s’ils avaient des questions, des inquiétudes ils avaient peur de les adresser à l'enseignant au risque de trébucher en français ou de parler créole.

Au lieu de pratiquer une didactique des langues de manière efficace et efficiente, on nous a imposé une dictature linguistique. À quand la fin de cette pratique inhumaine dans un pays dit démocratique?

Pour en finir avec la dictature linguistique

Pour faire reculer la dictature linguistique, une réforme doit être engagée au niveau de la politique linguistique en Haïti et au niveau des méthodes utilisées dans l’enseignement des langues. L’État doit définir et préciser clairement le statut des deux langues et leur emploi « dans les domaines et circonstances où il y a possibilité de conflit ou d’injustice » 10 et se donner les moyens de réaliser sa politique au risque de faire une politique linguistique de manière symbolique. a) Mettre en avant les éléments fondamentaux de l’apprentissage : l’apprenant, l’enseignant, la méthode et le milieu social ou l’environnement dans son sens le plus global. L’apprenant doit faire partie intégrante de l’opération d’enseignement parce qu’on ne peut pas planifier un enseignement pour un apprenant sans le prendre en compte. Son origine, sa langue, sa situation, son milieu social doivent être pris en compte pour adapter l’enseignement à la personne qu’elle est. L’enseignant comme principal artisan qui a pour tâche de transformer par l’enseignement le comportement de l’apprenant n’est pas un « maître », c’està-dire qui détient tous les savoirs, mais quelqu’un qui est à l’écoute des apprenants et le fait découvrir le savoir par des méthodes sans cesse renouvelées. b) Créer la motivation chez l’élève L’enseignant va faire naître chez l’apprenant la motivation en lui proposant des activités utiles, intéressantes et divertissantes telles que : lecture de textes, dramatisation, conversation, ateliers d’écritures, représentation, etc. c) Intégrer dans le modèle d’enseignement les aptitudes, les intérêts, la faculté d’attention et d’assimilation de l’apprenant. Tout cela n’est qu’une virgule du volume de travail à entreprendre pour finir avec les méthodes cavalières et pour avoir des résultats efficaces. d) De tout cela, le plus important consiste à exposer l’apprenant dans le milieu où la langue est couramment utilisée. C’est la méthode la plus appropriée et la plus efficace pour apprendre une langue étrangère ou dite langue seconde. C’est ce que beaucoup de linguistes appellent le « bain linguistique ».

Le rôle de l’Etat et d’une politique linguistique

Dans tous les pays, que les citoyens soient conscients ou non ils sont l’objet d’une politique linguistique à des degrés divers. Ne serait-ce que définir ou fixer le meilleur usage de la langue dans sa modalité d’utilisation, ou changer son nom. Toutefois, la politique linguistique à un niveau beaucoup plus complexe, beaucoup plus achevée est le fait d’un État ou d’un regroupement d’hommes, d’une organisation qui décide des choix en matière de langue. Selon Jean Calvet (1996), elle est la « détermination des grands choix en matière de rapport entre les langues et la société, et sa mise en pratique ». L’État fixe le cadre juridique d’utilisation de la langue à travers les lois, les décrets, etc. En effet, les grands choix dont parle Calvet concernent plusieurs aspects de la (ou des) langue (s) dont son (leur) statut social, sa (leur) fonction, sa (leur) standardisation, la création d’une écriture, la modernisation de celle-ci (celles-ci), etc. Certes, les décideurs politiques prendront les décisions mais le travail de planification linguistique, de mise en œuvre et d’évaluation est opéré par des spécialistes et des experts. « La langue est utilisée aux différents niveaux de l’appareil d’État : enseignement, moyens de communication, etc. ». Toute politique linguistique doit prendre en compte les locuteurs de la (ou des) langue (s) qu’elle entend planifier puisque c’est l’élément incontournable du phénomène linguistique. Ce qui nous amène à la question : quelle politique linguistique pour Haïti, qui a été l’objet de débats et d’écrits de pas mal d’amateurs et de spécialistes haïtiens. Sur le territoire haïtien existent deux langues qui sont en concurrence : le créole, langue de 100 % d’Haïtiens et le français parlé par une minorité et utilisé la plupart du temps dans l’enseignement, les circonstances officielles, pour les documents administratifs et scientifiques. Ce dernier est jugé plus valorisant que l’autre et peut conférer des privilèges sociaux. Dans ce cas, comment établir une politique linguistique qui prend en compte les deux langues, en reconnaissant leur apport respectif dans la construction de l’individu ou de l’être haïtien ? Nous nous sommes contenté d’évoquer tout simplement la question sans apporter une réponse qui s’étendrait sur des centaines de pages.

Par Ethson Otilien
ethsotilien@gmail.com
Texte écrit en 2013 (Version modifiée)

Notes et Bibliographie
GIRARD Denis (1972), Linguistique Appliquée et didactique des langues. Paris, Editions Armand Colin – Longman. CALVET, Louis-Jean (1996), Les politiques linguistiques. Presses Universitaires de France. Paris https://www.lexpress.fr/culture/livre/franketienne-je-suis-un-survivant-de-la-misere-desduvalier-de-l-alcool_905765.html (07/ 05 2013) http://www.rifal.org/cahiers/rifal26/crf-26-06.pdf (07 / 05 2013)

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