Le Conte de l'Arbre de la Paix

Il était une fois, dans une contrée lointaine, un village nommé Reyalite. Niché entre des montagnes verdoyantes et des rivières cristallines, Reyalite était un havre de paix où les matins sentaient le café à la cannelle. Le soleil bondissait au-dessus des montagnes, esquissant un large sourire. Les enfants grandissaient, entourés de l'amour de leurs parents qui vivaient en parfaite harmonie, pratiquant régulièrement le Konbit pour cultiver leurs champs.

Mais un jour, une mystérieuse brume épaisse descendit sur le village, apportant de la discorde entre les habitants. Les querelles se multiplièrent, les sourires s'effacèrent, et les adultes devinrent irritables. Les familles, autrefois unies, commencèrent à se disputer. Les champs tombèrent en décrépitude et le ciel s'assombrit.

Au milieu de ce chaos, une vieille femme sage du village, Grann Doudoune, rappela une légende oubliée. Selon cette légende, les ancêtres avaient planté, il y a bien longtemps, un arbre magique, l’Arbre de la Paix, capable de restaurer la paix et l'harmonie. Mais cet arbre se trouve au cœur de la forêt maudite, pleine de dangers et de créatures redoutables. Seul un cœur pur, sage et courageux pouvait le retrouver

Les habitants se moquèrent de Grann Doudoune, l'accusant même d'être une “lougarou” responsable de leurs malheurs. Mais Mika, une enfant courageuse, crut en la légende et décida de mener la quête pour sauver la communauté et sa famille. Simon, son ami loyal, voyant qu'elle s'aventurait seule, décida de l'accompagner. Mika était forte et déterminée, tandis que Simon possédait un cœur pur et bienveillant

En chemin, au Carrefour Trois Mains, ils rencontrèrent une autre enfant,Chimène, assise par terre et blessée. Malgré leur quête urgente, Simon insista pour aider la pauvre fille. Ils s'arrêtèrent, bandèrent ses blessures et partagèrent leur nourriture. Ils racontèrent à Chimène la raison de leur voyage. Elle, une enfant sage au-delà de son âge, ayant déjà traversé la forêt maudite, décida de les accompagner.

La nouvelle venue guida le groupe avec sagesse à travers les territoires de la forêt dense et maudite, où les montagnes étaient escarpées, les rivières tumultueuses, et les créatures mystiques agressives.

Alors qu’ils progressaient, ils furent stoppés par le grand et impitoyable Akan, le gardien de la forêt maudite. C’est un serpent aux dents acérées, avec des cornes, des ailes, et un regard crachant du feu. Mika rassura ses compagnons et demanda à la créature de les laisser passer. Akan, ria à gorges déployées car il voyait déjà les trois enfants finir dans son plat pour dîner. Mais il décida de jouer franc jeu. Il imposa une énigme, menaçant de les dévorer s'ils échouent à donner la bonne réponse.

La créature dit : “Tim Tim”, les enfants répondirent : “Bwa chèch”. La créature reprit : "Qu'est-ce qui est toujours devant soi et qu'on ne peut jamais voir ?" Après réflexion et coopération, les enfants trouvèrent la réponse : "le futur".

Ébloui par leur sagesse et leur esprit d'unité, la créature les laissèrent partir et leur indiqua l'emplacement de l'arbre, au-delà de la rivière Gwo Danje.

Les enfants construisirent un radeau et traversèrent la rivière ensemble, affrontant les courants forts et les rapides dangereux. De l'autre côté de la rivière, au milieu d'un champ de fleurs sauvages, se dressait, tel un empereur, l'Arbre de la Paix. Ses branches et ses feuilles brillaient sous la lumière de la lune et ses fruits, scintillaient comme des étoiles. Ils s'approchèrent de l’arbre pour lui expliquer les raisons de leur périple. L'arbre leur offrit des fruits dorés, symboles de paix et d'harmonie, à condition qu’ils prennent soin de lui, l'arrosant et veillant à son bien-être.

De retour au village, ils partagèrent les fruits avec les habitants. Lorsque les villageois goûtèrent les fruits de l'Arbre de la Paix, leurs cœurs s'ouvrirent, les rancunes se dissipèrent. Le village Reyalite retrouva son unité et sa sérénité. La forêt maudite devint féerique. L'Arbre de la Paix, désormais chéri et protégé par tous, devint un symbole de la coopération et du pardon. Mika, Simon, et Chimène grandirent en héros locaux, leur histoire fut racontée à tous les enfants.

Par Ketsia Lydie JOSEPH, Lauréate du concours de texte autour du thème « Construisons la paix/An n konstwi lapè » du Centre Culturel Pyepoudre.

Paru le 27/07/2024